agente de pastorale, paroisse Sainte-Famille de Valcourt

À force de lire les témoignages de paroissiens et paroissiennes, je me disais que mon mot de 2021 était vraiment une simple introduction!  Et puis, dans les derniers mois, j’ai exploré ma foi d’une manière plus intense en accompagnant cinq adultes aux cheminements variés et j’ai eu envie de prendre le temps de vous en témoigner.

S’il est vrai que le travail d’agente de pastorale en est un d’animation de catéchèses, il est également vrai qu’il suppose l’accompagnement des personnes qui cheminent.  Je ne suis pas là pour enseigner, même si je le fais pour que nous puissions discuter sur des bases communes.  Je suis là pour proposer des convictions, des récits et des rites à des adultes qui ont choisi de vivre un ou des sacrements: baptême, pardon, eucharistie (communion) et confirmation.  Ils n’inscrivent pas leurs enfants, ils s’inscrivent eux-mêmes afin de compléter leur cheminement amorcé dans l’enfance ou laissé en option par leurs parents.

Immédiatement, la relation est différente: c’est le choix de la personne de faire des rencontres de catéchèses avec moi d’une part.  Et, d’autre part, la motivation intrinsèque est déjà là, du moins elle le semble.  J’avoue toutefois que parfois la motivation vient du désir d’être parrain ou marraine ou encore de se marier à  l’église.  C’est un peu moins intrinsèque à ce moment-là.  Par contre, le désir de compléter le cheminement est bien là.

Comme je disais au début, au cours des derniers mois, j’ai eu la joie d’accompagner cinq personnes qui ont cheminé à des rythmes différents et pour des raisons différentes.  Chaque fois, j’ai souhaité arriver à donner le goût de Dieu, de Jésus et de l’Esprit Saint à ces personnes.  Parfois, cela semblait déjà présent au début, je ne croyais donc pas avoir un grand défi.  D’autres fois, je trouvais au contraire que la tâche serait difficile au départ.  Chaque fois, je me disais qu’il fallait prendre la personne là où elle est au moment de notre rencontre.

En toute honnêteté, au cours des sept dernières années, j’ai accompagné environ deux personnes par année.  Le défi de garder le focus sur la personne alors que j’en voyais cinq différentes pendant un bout de temps était donc très nouveau.  Ceci dit, quelques expériences m’ont faite grandir dans ma foi.  Parce que vraiment, c’est de cela que je veux témoigner aujourd’hui.

Ainsi, une personne est arrivée en me disant qu’elle croyait à la Vie.  Pas en une divinité, non juste à la Vie.  Je me suis dit que je ferais attention à mon langage, pour ne pas imposer mon vocabulaire religieux trop rapidement, parler de la Vie, tout en pensant à Dieu n’était pas simple!  Au fil de nos rencontres, je sentais que cette personne était rejointe, mais que les pas qu’elle faisait restaient limités.  J’ai eu par le passé des adultes qui n’ont finalement pas vécu leurs sacrements, mais je me disais toujours la même chose.  L’accompagnement que je fais est comme semer une graine: on ne sait pas quand elle prendra racine ni quand elle fleurira et que sans doute je ne verrai pas si mon accompagnement était adéquat.   Or, à quelques jours de sa confirmation, cette même personne a soudain utilisé un langage différent et m’a montré un aspect de sa spiritualité qui restait bien caché jusque-là!  J’étais bien fière de l’accompagner à sa confirmation à la Cathédrale St-Michel en juin dernier!

Et puis, il y a cette autre personne qui demande le baptême.  Une personne qui a grandi dans une famille catholique sans être baptisée.  Toute sa famille l’était mais pas elle.  Lors de notre première rencontre, elle me nomme pourtant le fait de croire en un être suprême avec des exemples concrets d’expériences spirituelles qu’elle a vécues.  Pourtant, sa référence aux fêtes de Noël et de Pâques restait de simples rassemblements familiaux: pas de connaissances sur le sens religieux de ces fêtes, pas de visites à l’église dans ses souvenirs.  Bref, je me suis dit que ce serait intéressant de l’accompagner et peut-être complexe de lui faire accepter l’idée de faire partie de notre religion.  Or, il n’en a rien été à ce jour.  Je m’estime d’ailleurs privilégiée d’accompagner cette personne vers son baptême!

Enfin, je souhaite vous partager un souvenir qui reste toujours très présent pour moi: cette autre personne qui est arrivée devant moi en me disant qu’elle faisait le parcours strictement pour pouvoir se marier à l’église.  Cette personne m’a dit à notre deuxième rencontre: « Lyne, je vais venir te rencontrer, et faire les activités avec toi, mais je ne croirais pas en Dieu à la fin. ».  Dans ma tête, j’ai appelé cela le syndrome des pieds sur le frein.  J’ai utilisé un langage adapté, discuté, écouté cette personne.  Et à la fin, lors de la rédaction de son Credo personnel, cette personne m’a surprise en incluant des mots et des convictions que je lui avais présentés!  C’était son choix, je n’impose pas ce que les personnes écrivent, quel beau Credo j’ai entendu ce jour-là!

Dans toutes mes expériences d’accompagnements d’adultes, je vis un cheminement personnel.  Ils me proposent tous une vision différente de ma foi, de ma religion.  Les bases sont les mêmes, mais la vision se modifie un peu avec chaque rencontre.  La catéchèse aux enfants est aussi riche, mais différente.  Les enfants ont une perspective différente de la spiritualité et la religion alors ils contribuent autant à mon cheminement mais aujourd’hui je voulais particulièrement témoigner de mon expérience avec les adultes.  Je remercie l’Esprit Saint d’avoir mis sur ma route autant de personnes que j’accompagne et qui m’accompagnent dans un cheminement de foi.  Récemment, il m’a semblé que j’étais particulièrement choyée.

Lyne Moreau, agente de pastorale