« À la fin de la journée, l’Église qui, depuis laudes, n’a cessé de rester en contact avec Dieu, grâce à l’office du milieu du jour ou aux offices de tierce, sexte et none, retrouve son intimité, de façon plus prolongée. Elle remercie pour les merveilles de la création, pour l’activité qu’elle a pu mener, et se complaît dans la présence de son Seigneur, comme les apôtres le soir de Pâques, tout en attendant son retour définitif2. »
Les vêpres sont non seulement l’un des offices les plus anciens dans la tradition de l’Église romaine mais aussi toujours celui du rang primordial dans la hiérarchie des officesa 1.
L’office des vêpres tire ses origines de la tradition hébraïque. Le schéma traditionnel juif « lecture – chant – prière » se trouve en effet depuis toujours dans la liturgie romaine et en particulier dans les vêpresd 1,a 2. De plus, les premiers chrétiens conservaient leurs dévotions privées à domicile selon les heures traditionnelles de la prière de juivea 3. Mais surtout, en remplaçant le Chabbat, la célébration la plus importante avec l’Eucharistie était exécutée à la nuit du samedi au dimanche, et il s’agit de l’origine des vêpres ainsi que de la messea 2. Même de nos jours, quelques solennités majeures ont une messe de vigile qui doit être célébrée le soir, intégrant ou non la psalmodie de vêpres2.
Comme la liturgie de l’Église romaine fut toutefois exécutée en grec pendant les deux premiers siècles sous influence de la liturgie byzantine, elle restait différente des offices actuelsd 2. Pour la liturgie de soirée, une formule la plus ancienne en latin, mais de nos jours oubliée, fut retrouvée. Il s’agit du psaume 141 (140) Dirigatur oratio mea sicut incensum in conspectu tuo elevatio manuum mearum sacrifitium vespertinum (Que ma prière soit devant votre face comme l’encens, et l’élévation de mes mains comme l’offrande du soir)3. C’était exactement un verset pareil de la tradition byzantine, car à cette époque-là, saint Jean Chrysostome († 407) précisait dans son œuvre Expositiones in psalmos que l’on le chantait sous une forme in directum4, à savoir sans refrain5, avec des récitations et des mélismes, et vraisemblablement par un soliste4. Le passage du grec au latin avait été effectué entre la fin du IIe siècle et le début du IVe siècle6. Dorénavant, d’immenses évolutions de l’office de soirée au sein de l’Église se commencèrent graduellement mais considérablement.
Ensuite, le cycle des heures fut définitivement installé dans les monastères par la règle de saint Benoît vers 530a 3,d 3. La journée était principalement structurée de deux célébrations majeures : les laudes le matin ainsi que les vêpres le soird 3, car ces offices solennels s’accordent aux lever et coucher du soleil8.
Si le mot français « vespres » n’apparut qu’en 12071 ou 12089, c’était saint Benoît qui fixa l’utilisation du terme latin ecclésiastique « vespera9 (ou vesperæ1,10) .