
Guérir de la pédagogie de conformation
Depuis le Concile de Trente (1545-1563), le catéchisme a voulu inculquer les vérités qu’il faut croire pour aller au ciel et les pratiques qu’il faut observer. Les explications étaient rares, souvent superficielles. Du moment que l’on acceptait l’enseignement et que l’on se conformait aux commandements et aux pratiques, on était un bon fidèle.
Il faut s’adresser à l’intelligence et à la liberté
Il ne s’agit plus d’amener du monde à la messe; ni de convaincre des pécheurs de cesser de pécher. Plusieurs de nos contemporains perçoivent les chrétiens comme des ritualistes et des moralistes sévères qui condamnent les plaisirs et les nouveautés.
Dans la sérénité de notre relation filiale avec Dieu, il faut clarifier en Qui et en quoi nous croyons. Saint Pierre, dans sa 1ère épître: « Soyez prêts à tout moment à présenter une défense devant quiconque vous demande de rendre compte de l’espérance qui est en vous, mais faites-le avec douceur et respect. »
Le témoignage de Jésus et des premiers chrétiens
La rencontre personnelle et intime de Dieu, du Christ Jésus, de son Esprit saint, est première. Tous, qu’ils croient ou non, peuvent percevoir votre foi par la joie, le bonheur, la bienveillance, le respect de tous, même des délinquants et des méchants.
Une telle disposition, partagée par plusieurs, forme une communauté de disciples du Christ conscients d’être frères et soeurs. Elle aussi est observable et remarquable par l’assiduité à progresser dans l’enseignement de Jésus, des Apôtres, des prophètes depuis les débuts de la révélation de l’amour de Dieu pour le monde.
Initier des incroyants à la Bonne Nouvelle, c’est leur faire ressentir qu’ils sont aimés. L’amour se déploie dans l’expérience universelle, Tous peuvent l’observer.
Je veux que tu existes, que tu vives!
Regardez une maman qui vient d’accoucher. Elle se réjouit du vagissement du bébé, le reçoit dans ses mains. Voyez comme ce moment est révélateur. Sans un mot, l’amour se déploie dans un enchaînement d’étapes qui décrivent l’amour. Il n’y a pas de discours, mais l’intensité de cette rencontre parle par elle-même: « Je veux que tu existes, que tu vives, que tu sois autonome, libre, fier, fécond, heureux, réussi (saint), que rien ni personne ne te fasse du mal. Et s’il y en a, que tu en sois délivré. Délivré de celui que tu fais, de celui qu’on te fait, des faiblesses de la nature, des infirmités, du vieillissement et … même de la mort.
Loin des rituels, cette expérience ouvre à la Révélation. Nous pourrions, comme Jésus avec les disciples d’Emmaüs (Luc 24, 27) commencer par Moïse et parcourir tous les Prophètes pour interpréter le bonheur proposé aux humains de tous les temps et de toutes les races.
Notre regard, notre attitude, avant même d’avoir parlé dit à tout être rencontré: « Tu as du prix à mes yeux et je t’aime. Je veux que tu vives, que tu sois autonome, libre… »
Abbé Pierre-René Côté
